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Interview : Eden Bisiot

 HANGMAN'S CHAIR

HANGMAN'S CHAIR

Février 2025

Un plongeon dans la mélancolie expliqué par Julien et Cédric d'Hangman's Chair !

C'est le 14 Février 2025 que le groupe de Doom Metal Hangman's Chair nous dévoile son nouvel opus Saddiction. A cette occasion, Julien Chanut (guitariste) et Cédric Toufouti (chanteur et guitariste) ont répondu à certaines de nos questions.

On est là pour parler de votre album Saddiction qui sortira le 14 février prochain.

Est-ce que vous avez un seul mot pour le décrire ?

Julien - Saddiction ?

[rires]

Julien - C'est la continuité de ce qu'on a commencé avec Loner.

Cédric - C’est un peu plus qu'un mot, ça.

Julien - Oui, mais c'est dur de trouver juste un mot. C'est la continuité.


On se trouve sur des textes qui sont plutôt sombres, ce qui est assez habituel chez Hangman's Chair, mais qui sont aussi logiques si on se réfère au titre de l'album. Pourquoi avoir choisi cette thématique, cette couleur pour ce nouvel album ?

Julien - Je pense que c'est un peu notre ligne directrice depuis des années ce genre de texte de toute façon donc je ne nous voyais pas vraiment faire un virage total.

Cédric - C'est nous quoi et c'est vrai que Saddiction c'est quelque chose qui englobe un peu tout ce qu'on fait depuis le début. C'est un peu un terme générique qui nous représente le mieux.


Le premier titre 2AM Thoughts est sorti début octobre, avec Dool en featuring. Sachant que l’album a été annoncé avec le deuxième titre, pourquoi avoir choisi de commencer par celui-ci ?

Julien - C'est un peu spécial, c'est parce que…

Cédric - C'est bien tombé avec la tournée.

Julien - Ouais, c'est ça. C'est qu'en fait, sur ce premier titre, on n'a pas annoncé l'album. L'album, on l'a annoncé sur Kowloon Nights, parce que ce n'était pas encore le temps de l'annoncer, mais comme on allait commencer la tournée avec Dool, et que ça tombait au meilleur moment, on s'est dit qu'on allait le sortir pour donner de la visibilité là-dessus. Donc ça fait plutôt rapport à la tournée avec Dool.


En ce qui concerne du coup Kowloon Nights, qui est sorti début novembre, il fait directement référence à la ville chinoise qui a été détruite dans les années 90. Pourquoi ce choix ? Pourquoi cette ville ?

Julien - C'est plutôt une métaphore. Dans la chanson, on ne parle pas forcément de la ville, mais on parle surtout de l'image que ça donne. Je ne sais pas si tu as déjà vu à quoi ça ressemble, mais c'était une ville complètement plongée dans le noir parce que les bâtiments étaient tellement hauts que tu ne voyais quasiment pas le soleil. Et finalement, les couleurs qui ressortent le plus, ce sont les couleurs des néons, des trucs très, très flashy. C'est un peu cette image-là qu'on voulait… Ça met une espèce d'ambiance au morceau. Et il y a aussi ce lien avec la pochette qui est un peu dans le même style. C'était plutôt pour donner un mood.


Si on suit les titres de l'album, on peut presque y voir une histoire; ils se suivent presque et ça se termine par Healed? . Est-ce qu'on peut y voir là plus une note d'espoir ou une sorte d'impossible à guérir ?

Julien - C'est la deuxième option. Dans les titres, je pense que le premier, on savait que ça allait être le premier, To Know The Night, et Healed? on savait aussi que ça allait être la dernière. C'est un peu un puzzle. Il n'y a pas vraiment de suite. Mais Healed?, c'était important que ce soit la dernière par le thème qu'elle aborde. On se demande “est-ce qu'on est vraiment guéri ?”. Et je pense pas qu'on soit guéri ; quand tu plonges dans la dépression ou autre chose, une fois que cette porte-là est ouverte, elle reste toujours entre-ouverte.


Est-ce qu'il y a un message que vous souhaitez faire passer à travers l'album directement ou est-ce que c'est propre à chaque chanson ?

Cédric - Je pense qu'il n'y a pas vraiment de message. Chacun pourrait y voir ce qu'il veut y voir par rapport au texte ou par rapport juste à l'ambiance, à l'émotion qui peut balancer chaque morceau, mais pas vraiment de message…

Julien - Comme c'est toujours très personnel ce qu'on raconte, je pense que chacun peut l'interpréter comme il le veut. Donc il n'y a pas vraiment de message, les personnes vont piocher les trucs et s'ils se voient dans le texte, c'est qu’on a fait mouche. Mais pas de message. On parle de nous.


C'est là où j'allais en venir, parce que beaucoup d'artistes voient la musique et la création de la musique comme un exutoire. Est-ce comme ça pour vous aussi ? Dans ce cas, quelles émotions avez-vous placées dans cet album ?

Julien - Oui, c'est exactement ça. C'est un exutoire depuis qu'on a 14-15 ans et c'est comme ça qu'on est toujours là, j'ai l'impression. Si j'avais pas ça… Nous deux, moi et Cédric, on est plutôt de nature réservée. On ne va pas forcément parler à beaucoup de gens de ce genre de problème. Jamais j'en parlerai à part dans des textes et aussi dans la musique qu'on peut écrire. Donc ouais, c'est totalement ça. On peut dévoiler un aspect de notre personnalité qu'on cache au quotidien.


Et sur l'aspect plus  instrumental, on y retrouve votre son, mais aussi un petit peu cette vibe shoegaze qu'on retrouve beaucoup en ce moment. Est-ce que c'était une décision ou est-ce que c'est venu petit à petit en studio ?

Julien - Le son un peu shoegaze, c'est un truc qu'on a commencé à partir de Loner.

Cédric - Ça vient de plus en plus. C'est de plus en plus naturel d'en mettre, je pense pour nous aussi, ça correspond à pas mal de trucs qu'on écoute. Ça devient logique.

Julien - C'est ce qu'on écoute ; Slowdive, Nothing, ce genre de groupe. Et même quand on veut poser une ambiance comme ça, c'est vraiment la plus belle texture pour moi. C'est ça, c'est une belle reverb avec un beau chorus à la guitare. Et ça marche !


Est-ce qu'il y a quelque chose que vous avez expérimenté sur l'album que vous n'aviez jamais expérimenté avant ?

Julien - La basse VI ! En fait, j'ai changé d'instrument. La basse VI, c'est entre une guitare et une basse. C'est comme une guitare avec 6 cordes, sauf qu'elle est accordée beaucoup plus bas. C'est la première fois qu'on l'expérimente sur un album. C'est un instrument que, par exemple, Robert Smith de The Cure utilise, lui plutôt en son clair, ce que j'ai fait, mais aussi en son saturé. Et ouais, c'était vraiment une expérimentation, un test, et plutôt concluant. Parce qu'en plus, j'ai un différent accordage dessus, du coup moi ça m'a ouvert d'autres portes, et dès que j'ai touché l'instrument, j'ai eu 3-4 morceaux qui sont arrivés directs. Parce que oui, après sept albums, c'est dur de se renouveler. Donc il faut toujours un petit truc nouveau à expérimenter pour pouvoir voir ta musique d'un autre prisme, d'un autre œil.


Est-ce qu'il y a quelque chose que vous aimeriez expérimenter sur de futurs albums?

Julien - Il y aura quelque chose, je ne sais pas encore lequel, mais il y aura quelque chose, c'est sûr. Parce que souvent, avec chaque album, on expérimente soit un nouvel effet, soit un nouvel instrument, une nouvelle tête. Et c'est ce qui aide, en tout cas pour nous, à la créativité.


Est-ce que vous avez rencontré certains défis, certains challenges pendant la création de cet album ?

Julien - Ouais, c'était compliqué.

Cédric - Pendant la création… Faudrait que tu répondes, mais moi je sais que pendant l'enregistrement, oui, puisque du coup, avec le nouvel instrument, donc la basse VI et le nouvel accordage, j'ai dû pousser la voix encore un peu plus haut.

Julien - Tu chantais plus aiguë.

Cédric - Je chantais beaucoup plus haut, avec pas mal de tension. Et c'est vrai qu'au début, c'est pas si simple. C'était un petit challenge pour moi quand même, cet enregistrement de voix.

Julien - Il y a ça. Puis pendant l'écriture, maintenant que notre batteur Mehdi, il n'habite plus sur Paris, il habite en Vendée. On devait tout faire à distance.

Cédric - On n'est pas habitué à ça non plus.

Julien - C'est une autre adaptation. On avait été obligé de le faire pour Loner, pendant le confinement. Et là, de le revivre encore, c'est vrai que c'est compliqué. Mais bon, on s'adapte. On le fait, quoi. Mais c'est différent. C'est vrai que c'était un peu un challenge.


Est-ce qu'il y a eu des challenges concernant l'adaptation pour le live ou est-ce que c'est un album qui était déjà conçu pour le live ?

Cédric - L'adaptation pour le live, c'est moi au niveau de la voix pareil, c'est-à-dire que ces voix un peu hautes, il faut les faire en live, il faut les tenir en live. Donc il y a toujours cette petite adrénaline du live qui fait qu'on arrive à pousser un peu plus que juste dans une cabine en studio. Après pour le reste, c'est vrai que pour les harmonies et pour les quelques petits backing vocal qui sont derrière, maintenant qu'on a la machinerie derrière, on peut balancer des voix en plus, en bande.

Julien - Ouais, en tout cas avec les nouveaux morceaux, ça nous force à rajouter un nouvel instrument sur scène. Je pense que le plus dur, c'est pour la voix. Il faut s'y habituer.


Pour revenir sur le studio une minute, sur cet album on retrouve également Francis Caste, avec qui vous avez déjà travaillé. Est-ce que vous diriez qu'il fait maintenant partie de l'identité du groupe ?

Cédric - Oui, bien sûr.

Julien - Et c'est connu, si tu lis d'autres interviews d'autres personnes qui travaillent avec Francis, ils vont tous te dire la même chose, il est tellement investi dans ce qu'il fait. Au-delà d'enregistrer, il a aussi un truc de producteur ; il propose beaucoup de choses que des fois dans le remaniement du morceau. Par exemple, avec nous, ça va être des propositions de voix, des harmonies, des effets auxquels on n'aurait pas pensé. Il y a un vrai échange et c'est pour ça qu'on va là-bas parce que des fois tu peux te dire qu’aller en studio encore en 2024 ou 2025, alors que tout le monde s'enregistre chez soi maintenant... Avec toutes les techniques qui existent, tu peux le faire chez toi pour moins cher, mais on n'aurait pas l'expérience de ce qu'on vit avec lui. Il nous manquerait quelque chose.

Cédric - Il peut faire un peu tampon aussi des fois entre nous ; si on n'est pas d'accord sur un truc, il faut départager et avant de départager, même si c'est pas lui qui prendra la décision, il pourra aussi donner son avis, essayer de nous convaincre d’essayer quelque chose.

Julien - Parce que lui aussi a sa vision de Hangman’s Chair et elle est importante pour nous. Lui, c'est quasiment le premier qui écoute nos morceaux à chaque fois ; nos démos, tout ça… Donc c'est lui qui a la première écoute et on se fie à ça aussi.


Est-ce que vous avez une anecdote, peut-être quelque chose d'un peu fun du studio ?

Julien - Je ne suis pas sûr. On est resté assez longtemps en studieux, on a fait quoi, un mois ?

Cédric - Un mois, mais c'était très studieux, ouais. C'est fini l'époque où on arrivait en studio avec les litres.

[rires]

Julien - Ouais, on vivait beaucoup en studio, maintenant on peut plus quoi. C'est un certain soir de la semaine, et encore c'est le vendredi parce qu'on sait que le week-end on n'a pas de studio le lendemain… On s’est calmé.


Est-ce que vous avez un titre préféré ?

Cédric - Alors préféré, non. Un qui me touche le plus, ouais. Parce qu'avant de rentrer en studio, du coup, j'ai perdu mon père une semaine / une semaine et demie avant, du coup j'ai réécrit tout un texte par rapport à ça. C’est, du coup, celui qui me touche le plus, c’est Neglect.

Julien - Moi c'est Healed?, le dernier. Souvent, j'aime bien les derniers morceaux. C'est toujours une place très importante sur un album. C'est vraiment ce morceau-là qui, pour moi, est le plus important.


Est-ce que vous avez un petit mot pour vos fans ?

Julien - Merci, déjà ! L'album sort le 14 février, on va être en concert à partir de mars. Venez nous voir en France, on a pas mal de dates. On va avoir sûrement notre catalogue réédité. Il y a plein de gens qui nous demandent quand est-ce que c'est traité. Donc voilà, c'est l'occasion de le dire. Ce sera en vinyle, même en CD, je crois. C'est pas encore bien défini et puis ça sera pour les 20 ans du groupe. Comme on va être bientôt très vieux. [rires] C'est pour 2025 ou 2026 je crois. Et ça sera l'occasion de ressortir tous ces albums !

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